mercredi 9 décembre 2009

Communiqué de presse de l'ADDICQ

Injection supervisée : le ministre doit agir.

MONTRÉAL, le 7 déc. - L'Association pour la Défense des Droits et l'Inclusion des personnes qui Consomment des drogues du Québec (ADDICQ) se réjouit de l'avis de l'Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ) en faveur des services d'injection supervisée.

Pour l'ADDICQ, la mise en place de tels services est une urgence. Si notre société désire mettre un terme aux épidémies de VIH / Sida et d'hépatite C (VHC), il faut offrir des services qui soutiennent toutes les citoyens afin d'améliorer leur chances de vie.

D'après l'étude Surv-UDI, la prévalence du VIH chez les personnes utilisatrices de drogues par injection (UDI ) serait de 15%. Pour l'hépatite C, les données sont encore plus alarmantes à savoir 62%. D'ailleurs, pour la Direction de la Santé Publique, ces épidémies ne seraient "définitivement pas sous contrôle".

L'avis de l'INSPQ vient s'ajouter à la voix de nombreux autres organismes comme l'Organisation Mondiale de la Santé et l'Association Médicale Canadienne qui se sont déjà positionnés en faveur de tels services. Pour Kaven Dion, porte-parole de l'ADDICQ : "Maintenant que tous les experts se sont prononcés en faveur des services d'injection supervisée, la balle est dans le camp du Docteur Bolduc. Il doit assumer son rôle de ministre de la santé en implantant des services d'injection supervisée".

Selon Sophie Sénécal, également porte-parole de l'ADDICQ : "Le Ministère de la Santé a été en mesure d'offrir une réponse rapide à la pandémie de grippe A H1N1, il se doit d'agir tout aussi rapidement pour la population à risque de contracter le VIH/Sida et l'hépatite C".

Il est important de rappeler que la toxicomanie est un problème de santé, mais aussi de société avant d'être une question de sécurité publique ou de morale. Des milliers de personnes meurent chaque année au Canada dû aux complications liées à l'injection de drogues. Il est urgent d'agir. Il est encore temps de sauver des vies. La mise en place de services d'injection supervisée pourrait faire toute la différence. C'est pourquoi, l'ADDICQ demande au gouvernement provincial de baser ses décisions en matière de drogues sur les preuves scientifiques de l'INSPQ mises à leur disposition et non sur leurs préjugés.

Renseignements: Sophie Sénécal, (514) 998-0033; Kaven Dion (514) 562-3350

Communiqué de presse du CRAN

Le Cran appuie les recommandations de l'INSPQ dans le dossier de l'implantation de sites d'injection supervisée au Québec

MONTRÉAL, le 7 déc. - Le Cran appuie l'avis sur la pertinence des sites d'injection supervisée que l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a rendu public vendredi dernier, par le biais de son site internet.

Ce rapport apporte un éclairage critique sur l'état des connaissances scientifiques relatives aux impacts des sites d'injection supervisée qui ont été implantés dans différents pays du monde et émet des recommandations auxquelles nous adhérons pleinement en matière de déploiement de services d'injection supervisée au Québec.

Le Cran estime en effet qu'il est pertinent que des services d'injection supervisée soient intégrés au continuum actuel de services en dépendance. Tel que le démontre le rapport de l'INSPQ, les services d'injection supervisée répondent avec efficience à la protection de la santé du public, et ce, sans être la source de nuisances collatérales.

Compte tenus des risques que courent tous les jours de nombreuses personnes qui font usage de drogues par injection, nous considérons que le gouvernement du Québec devrait agir avec diligence pour que soient implantés, là où cela est nécessaire, des services d'injection supervisée. Ainsi, il permettrait aux personnes utilisatrices de drogues par injection de consommer en dehors de l'espace public, dans un contexte favorable au respect des règles d'asepsie et empreint de dignité humaine.

Bien que particulièrement importante, l'implantation de sites d'injection supervisée au Québec ne doit pas occulter les autres enjeux en matière de protection de la santé publique et de traitement des dépendances.

Le Cran souhaite que dans le cadre de cette réflexion soit réexaminé la pertinence de poursuivre l'expérience de prescription d'opioïdes injectables (projet SALOME) visant à offrir un traitement éprouvé aux personnes dépendantes des opioïdes qui ont connu différents échecs thérapeutiques. En effet, le projet de recherche clinique NAOMI a démontré que la prescription médicale d'opioïdes injectables est une option thérapeutique efficace pour ce type de public, tant en termes de réduction des méfaits, de traitement de la dépendance que de réinsertion sociale.

En soutien à l'INSPQ, et au regard des données probantes, le Cran demande donc au ministre de la Santé du Québec d'investir simultanément dans ces deux modalités de réduction des méfaits et de traitement répondant à un important enjeu de santé publique, sachant que l'usage d'opioïdes par injection est une pratique de plus en plus fréquente chez les moins de 24 ans.

À propos du Cran

Pionnier et chef de file dans le domaine du traitement de la dépendance aux opioïdes avec une médication de substitution, le Cran a pour mission d'offrir des soins de santé personnalisés et multidisciplinaires, aux personnes dont la dépendance principale est l'héroïne ou tout autre opioïde.

Le Cran a assumé la responsabilité de la gestion clinique du projet NAOMI à Montréal de 2005 à 2008. Pour en savoir plus sur le Cran, nous vous invitons à visiter notre site internet à l'adresse www.cran.qc.ca

Renseignements: Éric Fabrès, Responsable des communications au Cran, bureau: (514) 284-3426, eric.fabres.cran@ssss.gouv.qc.ca

lundi 7 décembre 2009

Injection de drogues : Superviser pour éviter les maladies [Source : src.ca]


Dimanche 6 décembre 2009
EXCLUSIF

L'Institut national de la Santé publique (INSP) veut que Québec permette aux toxicomanes de se piquer dans des sites supervisés. L'organisme fait cette recommandation dans un avis en ce sens publié vendredi et que Radio-Canada a décortiqué [note de la Coalition, ce rapport est disponible ici : http://www.inspq.qc.ca/publications/notice.asp?E=p&NumPublication=962].

Selon le rapport de l'Institut, ces sites sont peut-être la solution au problème de propagation du VIH et de l'hépatite C. Ces maladies ont une grande incidence chez les toxicomanes.

De nombreux organismes communautaires et de services sociaux, qui aident les toxicomanes, demandent depuis longtemps l'ouverture de sites d'injections supervisés. Le ministre de la Santé Yves Bolduc est plutôt réfractaire au projet.

Au Québec, 30 000 personnes, soit l'équivalent de la population de Rouyn-Noranda, s'injectent de la cocaïne, du crack, de l'héroïne ou du dilaudid, la drogue « chouchou » des toxicomanes en ce moment.
[...]
L'Institut national de la Santé publique aussi croit que les sites d'injections supervisés peuvent régler une foule de problèmes. Lina Noël est chargée de projet à l'INSP.

« Souvent les personnes souffrant de toxicomanie, qui sont fortement intoxiquées, vont se retrouver à l'urgence. Dans les villes où il y a des sites d'injections supervisés, on a constaté que l'achalandage des urgences était diminué. »

Les sites d'injections pourraient aussi aider à limiter les infections liées à la consommation. C'est ce que croit Sophie Sénécal de l'Association québécoise pour la défense des droits et l'inclusion des personnes qui consomment des drogues:

« Au Québec 17 % des personnes qui consomment sont infectées au VIH. Quand on parle de l'hépatite C, on parle de 68 % des gens avec qui qu'on travaille. Chaque année on en voit mourir, pis c'est des morts qui pourraient être évités. »

Les sites d'injections supervisés font consensus dans les milieux médicaux et communautaires depuis quelques années. L'ex-ministre de la Santé Philippe Couillard avait d'ailleurs ouvert la porte à l'idée, mais son successeur Yves Bolduc l'a complètement refermée. Le ministre Bolduc croit que le Québec n'est pas prêt pour cela. Le porte-parole de l'opposition péquiste sur la Santé, Bernard Drainville, croit que le ministre se trompe:

« Moi, ce que je dis, c'est que là, Monsieur Bolduc, vous avez un rapport qui vous dit que ça du sens. Mettez de côté vos opinions personnelles, pis regardez les évidences scientifiques qui disent si tu veux aider les personnes qui utilisent la drogue par injection, si tu veux réduire le risque de retrouver des seringues souillées dans les parcs, pis diminuer les coûts en santé, les sites d'injections sont une bonne idée. »

Le ministre Yves Bolduc n'a pas voulu commenter les conclusions du rapport de l'INSP.

dimanche 6 décembre 2009

Piqueries supervisées: Point de repères revient à la charge [Source : Le Soleil]

http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/societe/200912/01/01-926952-piqueries-supervisees-point-de-reperes-revient-a-la-charge.php

Marc Allard
Le Soleil
(Québec) L'organisme d'aide aux toxicomanes Point de repères est revenu à la charge avec son projet de piquerie supervisée, en cette Journée mondiale du sida. Mais le ministre de la Santé, Yves Bolduc, n'est pas encore prêt à donner son feu vert.

Le directeur de Point de repères, Mario Gagnon, a interpellé le ministre Bolduc, mardi, en marge d'une conférence de presse du Mouvement d'information et d'entraide dans la lutte contre le VIH-sida (MIELS-Québec) à l'Université Laval, pour savoir où en était rendue sa réflexion sur les piqueries supervisées.

L'attachée de presse d'Yves Bolduc, Marie-Ève Bédard, nous a précisé mardi que le ministre avait indiqué au directeur de Point de repères que le gouvernement attendait notamment de consulter un avis de l'Institut national de santé publique du Québec sur les centres d'injection supervisés avant de prendre position. Cet avis devrait être rendu public dans les prochaines semaines [note de la Coalition : cet avis est dorénavant disponible au http://www.inspq.qc.ca/publications/notice.asp?E=p&NumPublication=962 : Avis sur la pertinence des services d'injection supervisée : analyse critique de la littérature].
[...]
L'an dernier, le ministre Bolduc s'était opposé à l'implantation de centres d'injection supervisés pour les utilisateurs de drogues intraveineuses, estimant que les Québécois n'étaient pas prêts à accueillir de tels centres.
[...]
Selon Mario Gagnon, les citoyens seraient loin d'être choqués que le gouvernement donne son aval aux centres d'injection supervisée. [...] «On entend qu'il y a de l'opposition, mais quand on parle, nous, aux commerçants du quartier, aux gens qui ont des restaurants et qui sont pognés avec des problématiques de scène d'injection dans leurs toilettes parce qu'on n'a pas d'autres options, aux résidants aussi qui voient les gens s'injecter dans la rue, tous ces gens sont super positifs.»

«Si les gens s'injectent à l'extérieur, c'est au risque d'être vus et de subir les préjugés de la part de citoyens, donc les gens vont précipiter leur geste, blesser leurs veines, dropper leur sang dans la communauté. Nous, on dit : "En offrant un espace avec une belle organisation de nursing, de médical et de psychosocial autour, les gens sont assurés d'avoir de l'aide".»