jeudi 4 février 2010

La lutte contre la drogue qui tue [La Presse]

par Yves Boisvert

(Vancouver) C'était d'abord un endroit pour sauver des vies. C'est ensuite devenu un champ de bataille idéologique autour de la lutte contre la drogue. Et voilà maintenant que c'est une affaire judiciaire qui prend des proportions inattendues pour le gouvernement conservateur.

Il y a deux semaines, la Cour d'appel de la Colombie-Britannique a obligé le gouvernement Harper à accorder une exemption au centre d'injection supervisée Insite. Ne pas le faire violerait le droit à la vie et à la sécurité des usagers, a dit une des trois juges. C'est aussi une intrusion inacceptable du fédéral dans le domaine de la santé,
a ajouté une autre.

La juge Carol Huddart a même déploré le rejet par Ottawa du «fédéralisme coopératif».

***

Insite est le seul endroit en Amérique du Nord où des toxicomanes peuvent venir avec leur dose (héroïne, coke, cristal meth, etc.) pour s'injecter sous surveillance médicale.

«On en a eu marre de voir des gens mourir de surdose sous nos yeux», me dit Mark Townsend, un travailleur communautaire.

Dans les années 90, il s'occupait d'un hôtel dans le Downtown East Side de Vancouver. «Chaque jour, on appelait l'ambulance parce qu'un des locataires faisait une surdose. Souvent, il était trop tard. Je me souviens d'une grand-mère que j'ai retrouvée, une aiguille dans le bras, morte dans sa chambre. Combien de temps va-t-on continuer à condamner à mort des gens qui sont nés au mauvais endroit?»

Pendant ce temps-là, d'autres se piquaient dans les ruelles du quartier en prenant l'eau de la rue.

[la suite sur cyberpresse.ca]

Aucun commentaire: