jeudi 18 septembre 2008

« Je vote pour la science »: même lorsqu'il s'agit de prendre des décisions concernant les personne « marginales » de notre société.


source: Centre de recherche en droit public: Christine Vézina


Lors de la 17e Conférence mondiale sur le VIH/sida qui s’est déroulée à Mexico du 3 au 8 août 2008, le ministre fédéral de la santé a clairement fait connaître sa position et celle de son gouvernement en défaveur des sites d’injection supervisée, tel le site Insite qui existe à Vancouver depuis 2003.


Puisqu’au Québec, le sous-ministre adjoint en santé publique avait émis un communiqué de presse au début de l’été dans lequel il traitait de l’ouverture prochaine d’un site d’injection supervisée à Montréal, il était possible de croire que le partage des compétences allait laisser place à des politiques de santé à géométrie variable en fonction des paliers gouvernementaux. Or, pour l’instant, il n’en est rien puisqu’on observe un alignement du ministre de la santé québécois sur la position de son homologue fédéral.


Selon les opposants à ces prises de position fédérale et provinciale, à savoir, principalement, la communauté médicale et le mouvement communautaire, il existe une abondante littérature scientifique tendant à démontrer les effets positifs des sites d’injection supervisée en termes de santé publique. Selon le Réseau juridique canadien sur le VIH/sida, et à la lumière des conclusions de la 17e Conférence mondiale sur le VIH/sida, ce type de pratique contribue à assurer le respect, la protection et la promotion du droit à la santé des personnes utilisatrices de drogue injectable et tend à réduire la transmission du VIH.


Nous sommes spectateurs ici d’un combat internormatif dont les implications sont majeures en termes de santé publique. Les ordres normatifs politiques et étatiques aux niveaux provincial et fédéral d’une part et les ordres normatif médical, communautaire, scientifique, ainsi que celui constitué par la communauté épistémique active en matière de lutte contre le VIH au niveau international, d’autre part, se confrontent et s’opposent.


La norme du droit à la santé destinée à assurer un accès aux soins et services de prévention pour tous, et particulièrement pour les personnes dites « vulnérables » au VIH/sida, telle qu’elle est définie par l’ordre juridique international pourra-t-elle percer l’ordre national et exercer une influence quelconque sur l’issue du combat internormatif ? Quel « passeur » aura suffisamment de pouvoir et d’influence pour lui assurer un passage ?


Cela reste à suivre, évidemment. D’ici là, il reste à souhaiter que les personnes vulnérables au VIH et marginalisées ne deviennent les victimes de ces joutes internormatives.


Aucun commentaire: